Février : petites bécasses de nos côtes
Une petite troupe d’oiseaux, guère plus gros que des moineaux, sur une grève découverte à marée basse ; ils donnent des coups de becs dans la vase à une cadence infernale ! Ce bec n’est pas exagérément long, mais suffisamment quand même pour en conclure qu’il s’agit à coup sûr de bécasseaux.
- Becasseau sanderling - calidris alba - hiver
Oui, mais voilà, dans la troupe en question, il y a des oiseaux presque tout blancs, d’autres qui sont mouchetés, des becs droits et des becs arqués, etc… Et ça se complique quand l’observation se fait un peu plus tard en saison, car les plumages peuvent varier plus ou moins nettement d’une espèce à l’autre.
Comment s’y retrouver ? Voici quelques clés pour distinguer nos espèces bretonnes.
Si l’oiseau a le ventre totalement blanc, avec un bec noir et non arqué, des pattes noires, et qu’il court sur la grève à toute vitesse en suivant le mouvement des vagues, il s’agit du bécasseau sanderling (de sand : sable) en plumage d’hiver ; en plumage internuptial, on peut rencontrer ce genre d’individus, (en mai par exemple, comme ici, à Penvins).
- Bécasseau sanderling - internuptial
Comme chez plusieurs autres limicoles, le plumage devient plus roux et plus bigarré.
Cet oiseau peut être confondu avec le bécasseau minute, qui est plus petit, plutôt solitaire ;
- Bécasseau minute - calidris minuta - internuptial
on en voit simplement quelques unités en passage migratoire sur nos côtes, en avril-mai notamment ; un signe distinctif : quand l’oiseau est vu de dos, on distingue deux bandes plus claires sur le dos qui se rejoignent presque à l’arrière ; la tête est plus striée également. Sinon, le bec est droit (et plutôt court) et les pattes bien noires aussi.
A peu près de la même taille que le bécasseau sanderling, et parfois en mélange avec lui, mais préférant les plages plus vaseuses que sableuses, voici le bécasseau variable.
- Bécasseau variable - calidris alpina - plumage d’hiver
En hiver, le ventre est clair (mais moins blanc-pur que les précédents) et les pattes sont noires, ainsi que le bec, mais celui-ci n’est pas droit : il présente une arcure en allant vers l’extrémité ; celle-ci n’est pas énorme, mais assez nette quand on voit l’oiseau de côté. En plumage nuptial, pas de confusion possible : une tache toute noire apparaît progressivement sur le ventre en avril-mai, juste avant qu’il ne décampe pour aller nicher dans les montagnes scandinaves, comme la plupart des autres bécasseaux.
- Bécasseau variable - plumage internuptial
Assez proche du précédent, mais avec un bec nettement plus long et plus arqué, le bécasseau cocorli s’observe en petit nombre sur nos côtes, mais uniquement en passage migratoire, donc à éliminer des possibilités en plein hiver.
Le bécasseau maubèche est un peu plus massif que les précédents : il a un bec noir et droit ; des plumes disposées en écailles sur le dos et coup de chance, un signe parfaitement distinctif : des pattes jaunes- verdâtres ( parfois assez sombres quand même ) : ouf, peu de confusion possible ! En plumage nuptial, il va également sérieusement virer au roux ; il s’observe en hiver (troupes parfois conséquentes sur nos côtes) ou en passage migratoire.
- Becasseau maubeche - calidris canutus
Enfin, le bécasseau violet se reconnaît à de possibles reflets violets (dos surtout) dans certaines conditions d’éclairage, mais il est surtout le seul à avoir du jaune à la base du bec, lequel est assez long et un peu arqué : ce bec lui sert à déloger de petits invertébrés sur les rochers, parmi les colonies de moules, balanes, etc… Il ne fréquente donc pas les mêmes milieux que les précédents : il peut s’observer en petit nombre sur les côtes rocheuses, notamment sur la presqu’île de Quiberon (zone proche du Vivier) ; ses pattes sont jaunâtres, comme le précédent.
- Becasseau violet - calidris maritima
Tous ces limicoles peuvent être confondus avec d’autres oiseaux, plus ou moins semblables, comme les gravelots (qui ont toujours un collier blanc et un bec plus court), les tournepierres (aux pattes orangées), les chevaliers (plus hauts sur pattes en général), mais les bécasseaux de nos côtes ont au moins un point commun : ce sont des hivernants stricts, c’est-à-dire qu’aucune espèce mentionnée ici ne se reproduit en Bretagne ; ils nichent tous dans les régions plus nordiques d’Europe.
Yves Thoron
Et maintenant à vous : les reconnaîtrez-vous ?
Vous avez un doute ? Passez la souris sur la photo, le nom s’affichera.